Solidarité

Solidarité avec le peuple bièlorusse

Plus que jamais l’actualité nous montre que les peuples en ont assez de dirigeants  qui n’ont comme seule ambition que de garder le pouvoir , non pas pour faire le bonheur de leur peuple, mais empêcher que la société ne change, nier la citoyenneté, traiter le peuple en troupeau que l’on exploite  .

Disons-le , leurs dirigeants sont des délinquants  qui ne connaissent que des rapports de force, règnent pas la peur, la corruption. Ce n’est pas parce que l’on est le dirigeant d’un e Etat,que l’on est pour autant  différent d’un quelconque délinquant . B. Brecht dans « L’irrésistible ascension d’Umberto UI » avait à juste titre montré que là où certains voulaient voir des hommes politiques il n’y avait qu’ une bande de gangsters, plus pervers et corrompus les uns que les autres . 

Nous ne pouvons qu’admirer le courage des BIiélorusses ( pour ne parler que d’eux qui , depuis des semaines maintenant tiennent bon face à un pouvoir de plus en plus violent) qui , en évitant d’utiliser les armes du pouvoir, lui tiennent tête., au nom de la liberté , c’est-à-dire de ce qui non seulement définit l’être humain mais définit également le citoyen

Ils ne veulent pas le pouvoir, ils ne veulent rien d ‘autre qu’un pouvoir qui les respecte, respecte leur liberté, respecte leur citoyenneté.

Car  la citoyenneté n’existe pas en Biélorussie, elle est un mot vide de sens.

Je pense à La Boétie et à son livre sur le « Discours sur la servitude volontaire » : tant que les êtres humains acceptent d’être traités comme des esclaves, par lâcheté, par facilité, par habitude de servir, rien ne peut changer. Il faut à un moment  être prêt à risquer sa vie pour sa dignité.

Au fondement des révoltes et des révolutions il y a le refus de continuer d’être nié dans sa liberté, sa dignité.

Le peuple biélorusse montre qu’il  en est arrivé au moment où il a compris qu’il ne pouvait plus continuer d’être bafoué, nié dans ses droits fondamentaux.

Il a  compris que la citoyenneté était de nature éthique ; le citoyen est l’homme libre qui réclame qu’on le traite en tant que tel.

Quand on sait les violences que les biélorusses subissent on aimerait qu’il n’ait pas eu à les subir, on aimerait  aussi que d’autres peuples se lèvent pour lui exprimer  leur solidarité.

Ce que je déplore , ce n’est pas  la mollesse des politiques ou de l’UE-il y a une « alliance objective » entre les hommes politiques comme on sait – mais que les peuples n’aient pas encore trouvé la méthode pour  exprimer leur solidarité au(x) peuple(s) opprimé(s).  Car les changements viendront de la solidarité des peuples.

Solidarité avec Charlie Hebdo

Les terroristes qui ont tué nombre de journalistes travaillant à Charlie Hebdo ne sont guère différents d’un Loukachenko, Poutine, Orban, Erdogan , Xi jinping etc., c’est-à-dire de ces dirigeants politiques qui ne supportent les journalistes que lorsqu’ils leur tressent des couronnes ( pour ne pas utiliser de formules excessivement vulgaires mais qui diraient mieux ce qu’il en est de la réalité), et refusent la liberté d’expression.

On mesure l’importance de la liberté d’expression à la volonté des dirigeants politiques de la supprimer, de la réprimer, de la soumettre à toutes sortes de restrictions qui la rendent insignifiantes.

La liberté d’expression et la liberté de la presse permettent de constituer et de faire exister un espace public , une espace où l’on peut débattre, essayer des idées, les proposer à la réflexion. Ces libertés sont une des conditions essentielles de la démocratie. Museler la parole, faire taire la pensée font partie de l’arsenal répressif des dictatures .

Pour un dictateur la parole n’est acceptable que lorsqu’elle sert  ses projets.Elle  ne peut engendrer le dialogue, la discussion, elle est monologue, par nécessité.

Que pèse la parole d’un homme face à des dizaines de tanks, des policiers par centaines ou par milliers etc ? On serait  tenté de  dire « rien ». Alors pourquoi la faire taire et chercher à faire taire celui qui parle et dit ce qu’il pense ?Parce que la parole fait exister des pensées qui ne doivent pas exister en dehors de la tête de la personne qui parle , elle ne doit pas susciter la pensée chez d’autres,  elle ne doit pas être à l’origine d’un débat public possible. Les dictatures aiment le silence .Elles n’aiment que les hymnes à la gloire du dictateur, les slogans.  

Dans un texte rédigé par Svetlana Alexievitch, André Bastunets et Christophe Deloire ( Défendre la liberté de la presse en Biélorussie) Le Monde   du      10 septembre         on trouve cette citation de V.HUGO

  « Le principe de la liberté de la presse n’est pas moins essentiel, n’est pas moins sacré que le principe du suffrage universel.Ce sont  les deux côtés du  même fait.La liberté de la presse , à côté du suffrage universel, c’est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous  .Attenter à l’une c’est attenter à l’autre »

Peut-on dire mieux ?   

Dans un autre texte publié par Le Monde du 15 septembre c’est un texte signé par 69 personnalités  qui rend hommage au courage des journalistes de Charlie Hebdo ( « Nous disons à « Charlie Hbdo : merci pour votre courage qui nous grandit tous »), qui ont décidé de republier les caricatures  de Mahomet.

Merci « pour le courage , après le crime, de ne pas renoncer , c’est-à-dire de ne pas laisser assassiner aussi la flamme de la liberté de conscience , de création, et de désaccord ».

Enfin dans le Monde 24 septembre  on trouve la Lettre ouverte à nos concitoyens » publiée et signée par  plus d’une centaine de médias.

Elle rappelle , cette lettre, que la liberté d’expression est un droit fondamental et que seule la loi fixe ses limites .

Cette lettre prend acte d’un contexte de plus en plus dangereux pour toutes celles et tous ceux qui expriment leurs opinions.

Disons-le : la force aujourd’hui n’est plus au service du droit, elle s’en émancipe de plus en plus : ce que l’on croyait bien établi, les traités internationaux , sont rejetés au nom d’intérêts supérieurs ou sous prétexte que les traités sont rendus obsolètes par  l’évolution du monde.  Ces rejets unilatéraux témoignent d’un mépris du droit dont on peut craindre qu’il engendre progressivement un monde d’insécurité croissante.

Raison de plus pour se battre et mettre sa force et son courage au service du droit.

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