« Refonder le cosmopolitisme » de Yves Charles ZARKA

« Refonder le cosmopolitisme » est le premier ouvrage d’une trilogie annoncée dans « L’inappropriabilité de la Terre -Principe d’une refondation philosophique ».

 

Le projet de Y C Zarka  n’est autre que de « repenser notre être au monde » pour éviter  de détruire la terre et avec elle le monde des vivants.

Le principe énoncé dans « L’inappropriabilité de la Terre » doit servir de fondation  à un édifice qui comporte trois dimensions: cosmopolitique, politique , éthique.

Y  C  Zarka  considère que les cosmopolitismes stoïcien et kantien  ne répondent plus aux défis  du XXIème siècle. La « Cité commune des Dieux et des hommes » des stoïciens n’existe pas , et l’on ne peut partager  l’optimisme de Kant  » fondé sur l’idée du progrès et sur la conception d’une puissance de la nature à laquelle il ne pouvait rien arriver qu’elle ne pût réparer » (p. 27)

Il faut prendre acte de la finitude de l’homme et de la nature et partir d’un principe qui permette à l’humanité d’éviter le pire.

Ce principe s’énonce à partir de la prise de conscience que  » l’humanité n’existe pas dans un espace abstrait: la Terre est à la fois le lieu et l’horizon de son existence » (p.33)

Il faut partir d' »une relation d’appartenance au vivant et à la Terre »,  d’une appartenance qui « ne signifie plus une propriété, mais une co-naturalité qui fait ce que  ce que nous sommes » (p40). Cette relation qui concerne l’humanité entière  concerne de ce fait le cosmopolitisme  , en ce sens que  » ne relève du cosmopolitisme que ce qui concerne l’humanité entière dans son présent et dans son avenir , et non une partie de celle-ci » (p33)

Cette appartenance engage sa responsabilité en ce sens que seuls les êtres humains sont susceptibles de la comprendre.

En tant qu’elle est ontologique et non politique , elle  fonde  le droit du citoyen du monde ( = de l’humanité) , qui  » comporte non seulement le devoir d’hospitalité, mais aussi les droits de l’homme et, en outre, le droit à bénéficier des fruits de la terre en vue d’avoir une existence décente »(p41)

 

L’ouvrage tire deux applications de l’idée cosmopolitique:

1-Le droit de résistance:

Après un rappel historique sur la nature et les fondements possibles de ce droit de résistance, qui montre que « le droit de résistance ne peut trouver consistance que lorsqu’il est pensé comme un droit métapolitique, c’est-à-dire qu’il ne peut être ni concédé ni   retiré par le politique »(p59), l’auteur n’a aucune difficulté à montrer que cette dimension métapolitique est l’appartenance de l’homme à la Terre et au monde des vivants.

2-Le principe de précaution.

Après avoir rappelé le sens de ce principe et les controverses auxquelles il a donné lieu, l’auteur expose les différents enjeux philosophiques qui tournent selon lui autour de trois questions: le savoir, le temps et la Terre. C’est la question de la préservation de la terre et de la vie qui révèle le mieux que  » ce principe peut apparaître comme l »application jurisprudentielle du principe cosmopolitique fondamental de                     l’inappropriabilité de la Terre comme condition pré-originaire de l’existence humaine »  (p 76)

 

L’auteur termine son ouvrage par un chapitre sur l’humanisme. Retour sur le sens de cette notion, sur  sa remise en cause , notamment par Heidegger, avant de donner sens et force à un humanisme cosmopolitique dont le premier principe est  » l’appartenance qui réinscrit l’homme dans le vivant et la nature entière » pg91.

 

Dans la conclusion l’auteur cherche à distinguer politique et cosmopolitique.  La question des frontières a une place déterminante dans cette réflexion, parce qu’il n’est pas d’Etat sans frontières.

Il ne s’agit pas de les nier , mais d’éviter qu’elles deviennent des murs. Et pour éviter qu’elles le deviennent il faut que la vie soit vivable de part et d’autres des frontières:

« Un monde sans frontières serait un désert, homogène, sans différences collectives. Alors  qu’un monde traversé de frontières mais reconnues et acceptées de part et d’autre peut être un monde de différences coexistantes et de diversités florissantes. Mais pour que la reconnaissance et l’acceptation mutuelle puisse avoir lieu, il faut qu’il y ait un équilibre. Que la vie soit vivable de part et d’autre et que chacun puisse visiter l’autre quand çà lui chante. Il faut donc surmonter la pauvreté, l’exploitation, le mal-vivre qui fait que les personnes en nombre s’arrachent à leur terre, à leurs familles, à leurs proches pour aller vers un ailleurs rêvé. Telle est l’injonction cosmopolitique qui s’adresse au politique » pg97

 

 

 

 

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