Identité nomade

Identité nomade

JMG Le Clézio

Dès que j’ai appris la publication du livre «  , « Identité nomade »  , de Le Clezio JMG Le Clézio ,  je l’ai  acheté , d’une part parce que Le Clezio est un homme et un écrivain que j’admire, d’autre part parce qu’il y est question d’identité

Le concept d’identité a donné lieu à tant de livres compliqués- je pense en particulier à ce livre de Paul Ricoeur « Soi-même comme un autre » – que je ne m’attendais nullement à trouver  un livre qui, je dois le dire , m’a surpris par  l’extrême simplicité de son style et de son expression !J’en ai  eu l’explication quand j’ai lu qu’il s’agissait du texte réécrit d’une conférence !

Le titre pourrait passer pour un oxymore : l’identité c’est la permanence , ce que l’on est à titre définitif  alors que le nomade est celui qui voyage , qui n’a pas d’habitat fixe, qui est en perpétuel déplacement , en perpétuel mouvement : quelle identité dès lors ? 

« Nomade » , Le Clézio le fut  malgré lui , comme on le comprendra rapidement à la lecture de ce livre où il  raconte brièvement l’histoire de sa famille : « Dans cette famille…..familiaux » 50

On comprend dès lors que cette identité nomade est la conséquence même de cette vie :

« Mon identité est là , écrit-il, : c’est une identité nomade . Il faut bouger pour apprendre. Je ne voyage pas pour écrire ce que j’écris , mais j’écris pour voyager . Ce qui est un peu différent »

Et , quelques pages auparavant ,  il écrit : « On pourrait m’attribuer l’expression d’identité hybride même si l’expression me fait penser à un moteur de voiture . Je suis un composé de plusieurs identités ».

Il est un autre passage plus explicite  :  « Sur la question de l’identité j’ai louvoyé… française » 42

Le propos révèle-t-il une volonté , une incapacité  de s’enfermer dans une nationalité ? quels sont les dangers  que présentent toutes les nationalités ? Le Clézio ne le dit pas , mais  , arrivé à la fin du livre , on comprend mieux en quoi  les nationalités sont des dangers : elles le sont pour l’être humain que nous sommes  qui porte en lui , par le langage et la culture , l’humanité dans sa diversité , la richesse de ses possibilités .

S’interrogeant sur le pouvoir de la littérature , Le Clézio souligne qu’elle ne change pas le monde . Aucun livre dénonçant le racisme l’a fait disparaître . Mais le pouvoir de la littérature ( et plus généralement de l’art )est ailleurs : il est dans le langage . La littérature est l’art du langage. « Et que peut le langage ?..  confiance «  Et il ajoute un peu plus loin :

« Le langage .. « 

Mais l’une des idées , me semble-t-il , la plus importante  est qu’une des fonctions de la langue     est dans le métissage. JMg nous révèle qu’il avait eu l’intention de faire une thèse de doctorat sur Lautréamont  et que c’est en faisant ce travail qu’il a pris conscience de ce fait. Il cite Lautréamont  «  La poésie ne peut pas être écrite par un , mais par tous ».

Propos qu’il faut généraliser à la culture tout entière , nous semble-t-il:  toute culture est métissage  et tout homme cultivé est un métis. Son identité est celle d’un voyageur qui , à défaut peut-être d’avoir beaucoup voyagé ,d’avoir parcouru le monde, a voyagé par les livres , la musique , etc .. L’identité nomade est peut-être tout simplement l’identité de l’être humain dès lors qu’il  ne dit pas comme Goering ( que cite LC) «  Quand j’entends le mot culture je sors mon revolver ».

Tout être humain  porte en lui, par la culture , cette capacité humaine de faire du monde l’habitat des êtres humains, tous les êtres humains  et l’humanité de l’être humain. La culture nst œuvre humaine , elle est ouverte par définition et toujours manque . Le refus de la culture est le refus de l’humanité , c’est la barbarie . « Nomade » se dit de l’homme  qui n’a pas d’habitation